Actes de langage et enjeux de face dans L’Avare de Molière
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Abstract
Alors que la linguistique classique étudie le symbole, le mot, la phrase comme des unités isolées, la linguistique pragmatique s’intéresse aux conditions concrètes de production des énoncés en interaction. Dire, selon l’expression d’Austin traduite en français, c’est également faire, car toute communication implique une production d’actes de langage, valeurs agissantes des énoncés. L’étude de “ce que l’on fait en disant” entreprise initialement sur la base de contextes conversationnels, peut être étendue à d’autres corpus, littéraires en particulier, en raison de leur exceptionnelle densité d’actes de langage. La linguistique pragmatique peut offrir un éclairage nouveau pour décoder les interactions, analyser et expliquer les ressorts des répliques dans un théâtre aussi riche en échanges confl ictuels et en faits linguistiques, que L’Avare de Molière.
Après avoir défi ni cette notion d’acte de langage, nous nous intéresserons à la manière dont les personnages construisent leurs relations en interaction, en empruntant une grille tirée de la théorie des faces de Goffman, Brown et Levinson, enrichie par Catherine Kerbrat-Orecchioni, qui montre que les interactants dans tout contexte de communication, produisent un jeu de faces, au moyen de menaces et d’anti-menaces, qu’ils amplifi ent ou adoucissent au moyen d’instruments bien défi nis.
La linguistique pragmatique fournit donc une boîte à outils très riche permettant d’expliquer les faits linguistiques et de leur donner du sens, utile dans un contexte pédagogique ou de linguistique comparée.